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«Sudden cardiac death» (SCD) et «sudden cardiac arrest» (SCA)

SCD liée à l’activité sportive

Ces dernières années, une attention accrue a été accordée à l’arrêt cardiaque subit, qui peut entraîner une mort subite cardiaque, grâce à des sportif·ves de haut niveau comme le footballeur Christian Eriksen (Danemark) et le joueur de football américain Damar Hamlin (États-Unis). Alors que la mort subite cardiaque a suscité un intérêt croissant des médias dans le sport de haut niveau, on oublie souvent que la majorité des cas chez les sportif·ves amateur·rices surviennent autour de 60 ans en moyenne.

Keypoints

  • La SCD liée à l’activité sportive est rare et survient suite à des éléments déclencheurs (activité sportive) en présence de substrats électriques ou structurels subcliniques et pathologiques existants.

  • Chez les jeunes sportifs, les causes de SCD sont principalement des maladies génétiques (cardiopathies congénitales, canalopathies, cardiomyopathies primaires).

  • En revanche, la cause principale de la SCD liée à l’activité sportive chez ceux plus âgés est la maladie de l’artère coronaire dans ses différentes formes.

  • Grâce à un dépistage ciblé, les pathologies peuvent être détectées et le risque de SCD liée à l’activité sportive peut être considérablement réduit.

La mort subite cardiaque ou «sudden cardiac death» (SCD) est définie comme un arrêt cardiaque prolongé («sudden cardiac arrest», SCA) directement lié à l’activité sportive associée et peut être causée par différents mécanismes pathologiques. Il convient tout d’abord de souligner que l’European Society of Cardiology (ESC) considère que l’activité sportive est en principe bénéfique pour la forme cardiovasculaire et qu’elle est recommandée pour tous les groupes d’âge.1 En dehors des multiples avantages, il existe toutefois certaines maladies préexistantes qui sont liées à un risque accru de SCD liée à l’activité sportive et qui doivent être prises en compte par les médecins.

Profil de risque pour la SCD

Le SCA survient souvent sans ou avec peu de signes avant-coureurs et, en cas de crise aiguë, les mesures préventives sont limitées. C’est pourquoi il est très important de reconnaître à temps les sportif·ves tout comme les patient·es à risque, et d’éviter les éléments déclencheurs potentiels. Un SCA peut survenir chez les patient·es qui présentent un substrat électrique ou structurel subclinique et pathologique, éventuellement déjà en raison des effets physiologiques d’une activité sportive intensive. Parmi ces modifications physiologiques liées à l’activité sportive, on compte par exemple la déshydratation, les poussées adrénergiques, les déséquilibres électrolytiques ainsi que les troubles de l’équilibre acido-basique. Toutes ces modifications peuvent entraîner des arythmies potentiellement mortelles dans cette population.2

Les causes d’une SCD varient chez les sportif·ves plus jeunes (<35 ans) et plus âgé·es (>35 ans; Fig. 1). Chez les jeunes patient·es, les causes de SCD sont principalement des maladies génétiques telles que les cardiopathies congénitales, les canalopathies ou les cardiomyopathies primaires, tandis que la principale cause chez les patient·es plus âgé·es est la maladie de l’artère coronaire dans ses différentes formes.2,3 Outre les causes les plus fréquentes de SCD mentionnées ci-dessus, diverses maladies plus rares ont été décrites, telles que les myocardites, les valvulopathies (prolapsus valvulaire mitrale, valve aortique bicuspide) ou même des événements traumatiques, comme la Commotio cordis dont on parle beaucoup actuellement (p.ex. le joueur de football américain Damar Hamlin, NFL, Buffalo Bills).3–6

Fig. 1: Risque génétique d’arythmie ventriculaire (VA) ou de mort subite cardiaque (SCD), éléments déclencheurs typiques de VA/SCD, âge lors de la survenue de la VA/SCD, sexe prédominant et VA typique (PVT/VF par rapport à MVT) dans différentes maladies associées à la VA/SCD (modifié selon Zeppenfeld K et al. 2022)12

Incidence de la SCD: sport de compétition par rapport au sport de loisir

Malgré la faible incidence de la SCD liée à l’activité sportive, il faut s’attendre, en l’absence de mesures préventives telles que le «preparticipation screening» (PPS) décrit ci-dessous, à une incidence plus élevée dans le sport de haut niveau que dans le sport amateur (exemple de l’Italie: 1 sur 100000 par rapport à 0,32 sur 100000).7 Ces conclusions italiennes ont également été confirmées par d’autres études menées dans des populations similaires.5,8 L’incidence plus élevée de la SCD chez les sportif·ves de haut niveau est probablement due au surmenage physique, à un entraînement rigoureux ainsi qu’aux conditions de compétition, qui font qu’un substrat électrique ou structurel subclinique et pathologique sous-jacent est plus susceptible d’entraîner une manifestation clinique. Il est donc essentiel de permettre aux sportif·ves de passer un examen de cardiologie du sport avant de pratiquer un sport de compétition.

PPS: dépistage avant la pratique du sport de compétition

Le PPS est recommandé par l’European Society of Cardiology (ESC), l’American Heart Association (AHA) et l’American College of Cardiology (ACC).1,9 L’objectif de cet examen est d’identifier les éventuels facteurs de risque et les maladies pouvant conduire à une SCD, puis de prendre les mesures préventives nécessaires. Selon l’ESC, un examen complet, qui consiste en une combinaison des recommandations de dépistage, comprend une anamnèse, y compris les antécédents familiaux, un examen physique et un électrocardiogramme (ECG) à 12 dérivations. Il convient de faire la distinction entre les modifications physiologiques liées à l’activité sportive et les modifications pathologiques de l’appareil cardiovasculaire. Les modifications de l’ECG normalement classées comme pathologiques sont souvent des modifications physiologiques chez les athlètes de haut niveau, telles qu’une bradycardie sinusale marquée, des arythmies sinusales, des blocs auriculoventriculaire du premier ou du deuxième degré (type Mobitz 1), des signes d’hypertrophie ventriculaire, des blocs de branche droits incomplets ainsi que des anomalies de l’ondeT et des sus-décalages du pointJ avec des sus-décalages des segments ST.10

Si le dépistage a révélé des modifications pathologiques et des signes d’un problème électrique, structurel ou vasculaire, il faut impérativement procéder à un autre examen diagnostique ciblé (échocardiographie, imagerie par résonance magnétique cardiaque, ergométrie, holter cardiaque, etc.).11

Prévention de la SCD

Conseils
Il peut être utile d’aborder les options de dépistage chez les sportif·ves amateur·rices jeunes et moins jeunes ou chez les patient·es, car cela peut conduire à une réduction prouvée du risque de SCD, même s’il·elles ne pratiquent pas de sport de compétition.

Outre l’examen de cardiologie du sport, les approches efficaces de prévention de la SCD résident dans l’information sur le tableau clinique. Il est essentiel de sensibiliser les sportif·ves à la cardiologie afin de les encourager à prendre des initiatives et à pratiquer une activité sportive en toute sécurité. Les symptômes cardiaques typiques tels que l’essoufflement, les douleurs thoraciques aiguës, les vertiges et la fatigue inhabituelle peuvent déjà être les premiers signes pour les sportif·ves qu’il convient de réaliser un examen cardiologique approfondi. Si l’examen a déjà été réalisé, il faut éventuellement envisager de réduire l’intensité de l’activité sportive (Fig. 2).

Fig. 2: Algorithme proposé pour l’examen cardiovasculaire des personnes asymptomatiques âgées de >35 ans présentant des facteurs de risque de maladie cardiovasculaire et un éventuel syndrome coronarien chronique subclinique avant la pratique d’une activité sportive

Outre les stratégies de prévention, il faut veiller à ce que les clubs et les événements sportifs prennent des mesures d’urgence appropriées. Elles comprennent l’identification des sportif·ves à risque, la formation du personnel aux premiers secours (utilisation sûre des défibrillateurs automatisés externes, DAE) et la mise en place de vastes réseaux d’urgence (disponibilité garantie des DAE).

Conclusion

Pour conclure, les sportif·ves, les entraîneurs, le personnel médical et les organisations doivent travailler ensemble pour sensibiliser aux risques, effectuer un dépistage ciblé et minimiser les risques potentiels de SCA/SCD. Cette approche permet de lutter efficacement contre la mort subite cardiaque liée à l’activité sportive et de permettre la pratique d’une activité sportive en toute sécurité.

1 Pelliccia A et al.: 2020 ESC Guidelines on sports cardiology and exercise in patients with cardiovascular disease. Eur Heart J 2020; 42: 17-96 2 Han J et al.: Sudden cardiac death in athletes: Facts and fallacies. J Cardiovasc Dev Dis 2023; 10: 68 3 Finocchiaro G et al.: Etiology of sudden death in sports: Insights from a United Kingdom regional registry. J Am Coll Cardiol 2016; 67: 2108-15 4 Corrado D et al.: Does sports activity enhance the risk of sudden death in adolescents and young adults? J Am Coll Cardiol 2003; 42: 1959-63 5 Maron BJ et al.: Sudden deaths in young competitive athletes: Analysis of 1866 deaths in the United States, 1980-2006. Circulation 2009; 119: 1085-92 6 Harmon KG et al.: Pathogeneses of sudden cardiac death in national collegiate athletic association athletes. Circ Arrhythm Electrophysiol 2014; 7: 198-204 7 Sollazzo F et al.: Sudden cardiac death in athletes in Italy during 2019: Internet-based epidemiological research. Medicina (Kaunas) 2021; 57: 61 8 Toresdahl BG et al.: Incidence of sudden cardiac arrest in high school student athletes on school campus. Heart Rhythm 2014; 11: 1190-4 9 Maron BJ et al.: Eligibility and disqualification recommendations for competitive athletes with cardiovascular abnormalities: Task force 2: Preparticipation screening for cardiovascular disease in competitive athletes: A scientific statement from the American Heart Association and American College of Cardiology. J Am Coll Cardiol 2015; 66): 2356-61 10 Fuentes AR et al.: The role of the electrocardiogram (ECG) in the screening and prevention of sudden cardiac death in sports. Praxis 2023; 112: 431-5 11 Niederseer D et al.: Role of echocardiography in screening and evaluation of athletes. Heart 2020; 317996 12 Zeppenfeld K et al.: 2022 ESC Guidelines for the management of patients with ventricular arrhythmias and the prevention of sudden cardiac death: Developed by the task force for the management of patients with ventricular arrhythmias and the prevention of sudden cardiac death of the European Society of Cardiology (ESC). Endorsed by the Association for European Paediatric and Congenital Cardiology (AEPC). Eur Heart J 2022; 43: 3997-4126

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